pub ou papub ? (0)
Juste derrière le marché militaire, la pub est le second marché du monde. En France, c’est nouveau, l’image de la pub a du plomb dans l’aile…
Sondage SOFRES sur la publicité : 43% des Français y sont défavorables, contre 33% en 83 et 36% en 2002. Le vent tournerait il ?
Mieux : plus de 60% ne l’apprécie pas : dans la rue, sur le net, à la radio ou à la télévision.
On espère que les juges chargés du procès contre les “brigades anti-pub” — qui se placent dans le cadre de la désobéissance civique — en tiendront compte ?…
DON’T PANIC ! (90)
Arthur : “You know,” said Arthur, “it’s at times like this, when I’m trapped in a Vogon airlock with a man from Betelgeuse, and about to die of asphyxication in deep space that I really wish I’d listened to what my mother told me when I was young.”
Ford Prefect : “Why, what did she tell you?”
Arthur : “I don’t know, I didn’t listen.”
The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy, Douglas Adams
Ford : “Life,” he said, “is like a grapefruit.”
Creature : “Er, how so?”
Ford: “Well, it’s sort of orangey-yellow and dimpled on the outside, wet and squidgy in the middle. It’s got pips inside, too. Oh, and some people have half a one for breakfast.”
So Long, and Thanks for All the Fish, Douglas Adams
Marvin: “I am at a rough estimate thirty billion times more intelligent than you. Let me give you an example. Think of a number, any number.”
Zem: “Er, five.”
Marvin: “Wrong. You see?”
Life, the Universe and Everything, Douglas Adams
AGCS, Bolkestein : la réussite des pavillons de complaisance (4)
On sait que la directive Bolkestein et plus encore la future extension de l’AGCS (Accord Général sur le Commerce des Services) à l’OMC va permettre de mettre en concurrence directe une grande partie des salariés de l’UE d’une part, du monde d’autre part. D’après les partisans de ces réformes, cette mise en concurrence va permettre d’améliorer la compétitivité des entreprises européennes et, bien sur, de créer des emplois. Dans cet optique, le secteur des transports maritimes est un exemple édifiant de marché concurrentiel et dérégulé.
Le transport maritime est un secteur d’activité qui a été mondialisé bien avant l’heure. Toutes les entreprises étant de fait en concurrence directe, sans avoir besoin d’ouvrir de frontière, une dérégulation totale a sans doute été facilitée.
La dérégulation a pris la forme des “pavillons de complaisance” qui se sont développés depuis les années 50. Ils permettent à un armateur d’enregistrer un bateau sous un pavillon autre que celui de son pays (exemple typiques : Malte, les Bermudes, le Libéria…) et d’être ainsi soumis au code du travail de ce pays. En matière d’emploi, cela se traduit directement par la possibilité d’embaucher des salariés étrangers sous un contrat correspondant à un droit du travail peu contraignant. Dans le secteur maritime, le principe de concurrence “libre et non faussé” n’est pas un vain mot : les salariés du monde entier sont en concurrence directe, et chacun est finalement payé “ce qu’il vaut” [2].
Malgré la création de plusieurs pavillons de complaisance européens (accordant l’emploi de salariés étrangers par ex.), les résultats sont là : de moins en moins de bateaux sont sous pavillons européens (-40% depuis 1985 [1]). Par ailleurs, entre 1992 et 1999, le salaire moyen des employés qualifiés dans la marine a chuté de 14% en France et de 51% en Allemagne [1].
Mais la crise n’est pas partagée par tous : Carnival, le n°1 de la croisière affiche un bénéfice de 1 milliard d’€ pour 2004 en croissance de 15% pour 2005 [1]. En France, la CMA, première société de transport maritime, présente des bénéfices quadruplés en 2003 et encore doublés en 2004, sans doute grâce à ses 182 navires dont aucun n’est sous pavillon Francais.
La concurrence entre les salariés s’organise grâce à des sociétés de “manning” qui proposent aux armateurs tout type d’employé en fonction du niveau de formation, du droit du travail ou du salaire. On voit mal comment l’uniformisation des droits du travail, si elle devait se faire, pourrait l’être autrement que par le plus bas. Ainsi les Philippins n’ont plus la cote depuis que les Philippines a signé la convention de l’Organisation Internationale du Travail : ils sont payés entre 400 et 800 dollars contre 200 pour un Chinois. ..
Cette politique de libéralisation n’a pourtant pas que des conséquences sociales et financières (négatives l’une, positives les autres) : la baisse de la formation des marins, la difficulté des contrôles de sécurité et la généralisation de la sous-traitance entrainent des catastrophes écologiques [4] [5] pour lesquelles il est extrèmement difficile de déterminer les responsabilités. On touche très vite à la limite du principe “pollueur-payeur”…
En France, devant la baisse du nombre de bateaux français (110 contre 762 il y a 25 ans), du nombre de société , du nombre de marins (9600, en grande partie à la SNCM) que propose le sénateur de la Charente (UMP) ? Un peu plus de dérégulation ! avec la création du RIF : un second registre d’immatriculation pour les bateaux francais, encore moins contraignant et plus attractif que le précédent (le pavillon des Kerguelen).
“Si le registre Kerguelen a échoué, c’est parce qu’il est 35 % plus cher que les autres registres européens. La Commission européenne a récemment indiqué que le pavillon français était le plus cher d’Europe, le plus rigide, donc le moins attractif, ce qui explique qu’en ce domaine nous soyons les derniers de la classe européenne, mes chers collègues.” [3]
La logique est toujours la même : emballement du système pour répondre aux problèmes causés par le système. L’extension de la concurrence “pour le bien du consommateur”, entraîne par voie de conséquence de nouvelles tensions pour “améliorer la compétitivité” des entreprises et finalement un alignement “par le bas” des conditions sociales au sens large.
Laissons donc la conclusion au PDG de CMA :
“La notion de pavillon ne renvoit qu’à une réglementation spécifique. Ce qui compte c’est que les capitaux et le centre de décision demeurent francais”. [1]
[1] Le Monde Diplomatique, Novembre 2005. Article de F. Ruffin.
[2] Las Bas Si j’y Suis. Emissions du 19 et 20 09/2005. Bolkestein des Mers.
[3] Débat au Sénat sur le projet de loi pour le RIF. Séance DU 11 décembre 2003
[4] http://www.noelmamere.org/article.php3?id_article=421
[5] http://www.monde-diplomatique.fr/2000/02/CARROUE/13266.html